Sylvain Raspilaire est issu d’une longue lignée de maîtres verriers, venue d’Autriche, elle est passée par la Forêt Noire et Nancy avant de s’éteindre avec son grand-père, Jean-Baptiste Raspilaire. Sylvain peint depuis l’enfance, mais ce n’est vraiment que depuis une huitaine d’années que Sylvain a repris ses pinceaux. Les autoportraits prédominent dans son œuvre. Il se brosse au travers de sa propre existence, à la maison, comme s’il cherchait à transmettre une image démultipliée de lui pour brouiller d’autant son réel.
En coureur cycliste, un milieu qu’il connaît bien, en peinte, au travers de claustra, terrible métaphore de la vie, ou même en chemise de nuit, Raspilaire tente de s’assurer de sa propre existence de peintre pour se rassurer d’exister. Quand il ne se peint pas, il s’intéresse à son atelier, à son chevalet retourné qui ne montre que l’envers de la toile, autre façon de se cacher, à des fragments d’intérieur, des bouts de couloir, des univers industriels vides d’hommes, autant de « je-ne-sais-quoi et presque-rien » chers à Jankélévitch…
Comme le philosophe, Raspilaire s’interroge sur l’attitude à adopter devant un monde que nous ne maîtrisons plus tout à fait et d’où se dégagent l’ennui et la banalité. Pour ne pas sombrer, le peintre a choisi la nostalgie en s’intéressant encore aux objets de l’enfance. Peintre singulier à la technique assurée et doté d’une écriture très personnelle. Raspilaire traque le dérisoire pour masquer sa sensibilité à fleur de peau en espérant que la vie glisse sur lui.

Alain Coudert